Kongo River-Kenya

Tranche de vie

Première partie: L'enfance

 

 

            Je suis donc né un peu comme tout le monde. D’une femme et d’un homme. La graine, la rose, le chou et la cigogne. Comme vous et moi en quelque sorte. Dès le départ ce n’est pas gagné. Coincé entre une certaine violence d’un père abusant de la bouteille avant une abstinence à peine salutaire pour moi, et la tristesse mandraxique d’une mère plutôt discrète devant les agissements de son époux de mari, un peut trop peut être, je bénéficiai d’une enfance ni heureuse ni malheureuse. Deux concepts définitivement hors de portée de l’enfant: Ce qui, vous l’aurez remarqué, lui fait trouver sa place même dans un milieu familial complètement ravagé.

            Enfin bref une vraie enfance ! Celle qui joue, qui rit, qui pleure, qui apprend, à l’abri des problèmes d’adultes. Vous savez ceux que les parents prennent soin de régler quand les enfants sont couchés. C’est d’ailleurs ainsi que j’ai longtemps cru que les miens n’avaient ni problèmes d’argent, ni mal être de couple, ni angoisses existentielles. Aujourd'hui c'est tellement différent. Les parents, ne faisant aucun cas des enfants, s'étendent devant eux. Ce sont  des incontinents de leurs propres problèmes qui s'épenchent sans retenue devant un public si fragile. Bref continuons!

            Mes parents ne savent pas élever un enfant c’est évident. Pas plus que les vôtres d’ailleurs. Pas plus que moi beaucoup plus tard hélas. Suffit-il donc de  le dresser ! Alors on improvise. C’est comme on le sent ! Les seules valeurs à la maison sont :

           1) Pour ma mère    : L’admiration sans laquelle il ne peut y avoir d’amour.

           2) Pour mon père   : Le travail sans lequel il ne peut y avoir d’existence.

           3) Et pour les deux : Le respect sans lequel il ne peut y avoir de compliments des voisins.

           Et tout de suite ça se gâte avec l'école. Comme les enseignants ne savent pas trop comment sont foutus les gosses, puisque parents eux-mêmes (CQFD), je me retrouve vite la victime d’une coalition Enseignants/Père où quand tombe les punitions des premiers suivent les sanctions du deuxième. Punitions doublées, encyclopédie à copier, et raclées mémorables redondantes pour que tout ça rentre mieux. Mon père avait bonne notion de la double peine. Les profs trouvent là un allié de poids. Ils en profitent vous pensez ! C’est ainsi que j’ai toujours pensé depuis cette période que l’enseignant avait pas mal de problèmes pour se réaliser en tant qu’homme où femme. Et qu'ils devraient consulter...

           Nonobstant je ne manquais de rien. Je n’étais privé de rien. Bon en même temps l’époque n’était pas aux enfants colériques ou débordants d’exigences, sinon le paragraphe du dessus s’appliquait. Immédiatement et sans préavis. Du moins je suppose car je n’ai jamais tenté le diable, que je préférais tirer par la queue. Chaque année j’avais droit aux vacances. L’île de Groix malgré une ou deux infidélités. Mes plus beaux souvenirs. Mes plus grands aussi. Rien ni personne n’étaient pareils. Cet endroit nous mettait à l’envers, si j’ose m’exprimer ainsi. Pas d’enjeu, rien à prouver. Baignades, pêche, dériveur, randonnées dans les embruns iodés étaient quotidiens. Avec quelques heures de musique par jour. Obligé ! Et sous la surveillance attentive du père. Quand même !

            Comme je le disais plus haut une enfance ni heureuse, ni malheureuse donc !

 

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